LAVOMATIC #2 // FANNY

Le LAVOMATIC c’est 1 mannequin, 1 laverie, 1 interview le temps de faire sa lessive !

Pour ce deuxième numéro, Fanny nous parle jeux vidéo. Une passion qui l’a prise dès l’enfance puisqu’à 5 ans, elle reçoit sa première console. Un moyen d’évasion imaginé par sa mère dans une situation familiale difficile et dont Fanny se saisit immédiatement. Ce qu’elle y cherche, ce qu’elle y trouve, ses préférés, ses meilleurs souvenirs : elle revient sur 20 ans de passion vidéo-ludique. À vos manettes !

« Mon tout premier jeu c’était ZELDA : OCARINA OF TIME, sur Nintendo 64 et ça reste un de mes préférés. J’en garde encore des images en tête : le temple de la forêt, le temple du feu… Les jeux qui m’ont marqué ont souvent été une source d’inspiration dans ma vie en générale. Par exemple à la fin de Zelda II, tu arrives comme dans un rêve éveillé, dans une prairie à l’infini. Tu cours, tu cours, ça ne s’arrête jamais et au milieu de cette prairie, sur une petite colline, il y a un arbre, énorme. Un arbre de vie. Parfois je courais longtemps, j’essayais de voir au recoin des maps mais c’était impossible, c’était vraiment infini ! Alors tu avances vers l’arbre et au pied, il y a plein de petits monstres qui jouent. Encore aujourd’hui, quand j’aperçois dans la vraie vie un arbre isolé au milieu de rien, je repense à cette image qui était pourtant très minimaliste. Il n’y a que le jeu vidéo qui m’apporte ces émotions. Beaucoup plus qu’un film ou un livre. C’est le côté immersif. J’adore les films mais une semaine après je l’ai déjà oublié. Parfois les séries ont ce côté immersif parce que sur 10 épisodes, tu as le temps de t’imprégner de l’histoire, mais ça reste différent. Un jeu vidéo tu es acteur et puis tu peux y passer des semaines, voire des mois, être dessus des journées entières ».

Fanny grandit et sa passion avec elle. Jusqu’à parfois prendre trop de place ? « J’étais très attirée par le monde virtuel des jeux vidéo mais aussi des dessins animés parce que c’était un échappatoire dans mon enfance. Je jouais toute seule, c’était mon univers. Adolescente, j’avais la télé dans ma chambre et je pouvais y passer toute la nuit ! J’allais au collège le jour, la nuit je jouais. Puis progressivement j’ai commencé à jouer avec ma petite sœur, notamment sur le premier Halo. Dès qu’on mourrait, on se passait la manette. Ça nous a rapproché quand on était jeune parce que j’avais un caractère difficile et c’était une des rares choses qu’on partageait, qui nous créait une complicité alors qu’on a 6 ans d’écart.

Avec le collège, je suis arrivé en ville, à Reims, alors que je venais de la campagne vraiment paumée. Je n’avais pas les codes pour m’intégrer et j’ai subi beaucoup de moqueries, donc ça m’a poussé encore plus à intérioriser. Le collège c’est un environnement très violent quand tu es faible, quand tu n’as pas confiance en toi, c’est très hostile. Donc je me dépêchais de rentrer chez moi pour jouer. Même le midi je n’allais pas à la cantine et je rentrais jouer ! Et puis vers 14 ans, j’ai pété un câble et j’ai commencé à traîner avec des punks parce qu’il y a une communauté importante à Reims. Donc j’ai commencé à m’extérioriser, mais pas forcément vers le « droit chemin ». C’était des gens qui n’étaient pas du collège, qui venaient de lâcher l’école et qui ne faisaient rien, des outsiders, des gens qui étaient décalés par rapport à la société et moi ça m’a immédiatement attiré. Je m’identifiais à eux et je me sentais moins seule. Et donc à ce moment-là, je me suis mise à moins jouer. »

Lorsque Fanny part en première année de fac, elle interrompt même complètement sa pratique : « J’avais le souhait de tout laisser derrière moi, toute ma vie passée. À part quelque fringues, je n’ai rien emporté du tout. J’étais à Nancy, puis Paris, puis Madrid, c’était compliqué d’amener une console et une télé partout avec moi, donc j’ai arrêté de jouer pendant toutes mes années de fac. J’avais besoin de faire cette coupure complète. Après mes études, ma vie était plus stable, j’ai recommencé à jouer mais beaucoup moins qu’ado. Ce n’était plus du tout un besoin d’évasion, une échappatoire. C’était devenu juste un loisir comme un autre. Aujourd’hui, je réserve le jeu vidéo à l’hiver, quand j’hiberne ! Je vais jouer le dimanche, bien au chaud dans mon salon, tranquillement. Mais pas la nuit, j’ai trop besoin de dormir ! Par exemple pendant les vacances de Noël, je jouais de 10h à midi, je déjeunais, puis je rejouais de 13h à 17h… Ça fait quand même de bonnes journées ! Je viens de terminer LAST OF US II, qui est un des meilleurs jeux de la décennie. J’y repense encore beaucoup, ça m’a secoué. S’il y a un jeu à faire, pour ceux qui ne connaissent pas bien cet univers, c’est celui-là que je conseille ! ».

Mais le jeu qui remporte tous les suffrages de Fanny, c’est une série : « Avec la Playstation 1, je suis tombée sur la série FINAL FANTASY. Là, j’étais vraiment accro ! Les Japonais sont les meilleurs pour les jeux vidéo : FINAL FANTASY, ZELDA, même MARIO, ce sont des univers tellement travaillés, qui transmettent tellement d’émotions en dépit d’une technique qui n’était pourtant pas incroyable il y a 15 ans. Le dernier sorti sur PS4 est incroyable, c’est un remake de FF7 sorti en 1997. Ce n’est qu’une petite partie du 7, donc les fans sont déçus mais la partie 2 doit sortir bientôt. C’est génial parce que tu as cet univers très SF et la nouveauté qui est vraiment cool c’est que les voix off sont en japonais. Chaque personnage a sa propre voix, avec un super casting, les dialogues sont à déguster, les musiques ont été réinterprétées avec un orchestre symphonique et le compositeur, Nobuo Uematsu, est un génie ! Je devais aller à Barcelone pour un concert des musiques du jeu, malheureusement ça a été annulé à cause de la COVID. Pour l’anecdote, j’ai vécu un peu à Tokyo et je suis allée sur l’île d’Eno-shima. C’est une île pleine de chats et en me baladant, je me suis rendu compte que partout on voyait le symbole de la TRIFORCE de ZELDA. J’étais super excitée ! Je me demandais si le créateur était né sur l’île, quel était le lien ? Je commence à explorer, je me dirige vers une grotte où je vois encore la TRIFORCE, donc je pose la question à un employé, mais je ne parlais pas japonais et lui ne parlait pas anglais, on avait du mal à se comprendre, il va chercher quelqu’un qui parlait anglais et finalement qui parvient à me raconter que ce sont en fait les armoiries de la famille ancestrale qui avait vécu sur cette île. Et que le créateur de ZELDA, qui ne vivait pas très loin de cette zone, s’est inspiré de leur blason. »

À elle seule, Fanny pourrait dresser une encyclopédie ou un musée des consoles et des jeux. Nintendo 64, Gameboy, PS1, PS4, Xbox, Switch et même Tamagotchi. ZELDA, SUPER MARIO 64, tous les POKEMON, TONY HAWK, HALO, GTA, SPLINTER CELL, ASSASSIN’S CREED, WARZONE, FAR CRY et bien évidemment tous les FINAL FANTASY. « Ce qui fait un bon jeu, c’est l’univers qui doit être assumé. Les graphismes, le scénario, le gameplay sont très importants et ça doit être une alchimie de toutes ces choses. ». En connaisseuse éclairée, Fanny ne manque jamais une édition du Salon du Jeu Vidéo à Paris : « J’y vais tous les ans, j’essaie un peu tout, je vais sur les stands Nintendo, Ubisoft ou Square Enix, pour tester les jeux en avant-première. Et puis il y a tous les gens qui font du cosplay à regarder, c’est une super ambiance. Je n’en fais pas du tout mais je suis une super spectatrice ! Je regarde aussi des compétitions d’e-sport. C’est une économie en pleine croissance, il y a des gens qui sont doués pour ça, qui deviennent pro, qui font des compétitions et pour moi, ça a autant sa place que d’autres sports, comme le football par exemple. »

Avant de repartir jouer, Fanny tenait à adresser un dernier message aux parents inquiets : « On peut penser que certains jeux vidéo sont violents, que c’est néfaste pour les enfants. Mais ce n’est pas totalement vrai, aujourd’hui la violence est partout, pas que dans les jeux. Elle peut être dans un programme TV qu’on regarde en famille, elle peut être sur une page internet au hasard, elle peut être dans une vidéo YouTube qui se sera lancée toute seule, elle peut même être à l’école avec ses amis. Ce qui est mal, ce sont les excès. Le choix du jeu est important, il faut l’adapter à l’âge. Certains titres peuvent aider les enfants à développer leur créativité, parfois les aider à affronter des problèmes qu’ils traversent dans la vie. Et puis il y a des jeux qui sont violents mais pas du tout réalistes. Dans FORTNITE, les graphismes sont très colorés, il n’y a pas de sang, pas de cadavre, on n’est pas du tout dans une confusion avec le réel. Alors qu’un BATTLEFIELD ou un CALL OF DUTY, là il faut les déconseiller à un enfant parce que c’est très réaliste. Ou les jeux d’horreur, comme DOOM. Quand tu joues seule le soir, dans le noir, à DOOM, là c’est vraiment effrayant ! »

Curieux de voir Fanny jouer ? Elle compte bientôt démarrer sa chaîne Twitch avec l’envie d’allier jeu vidéo et humour, en y apportant une touche d’autodérision. Un projet qui lui tient à cœur depuis longtemps et dans lequel elle compte s’investir pleinement. Pour la suivre sur instagram : @fanny_beladona

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